Le Bon Berger s'est fait tirer le portrait par un traître à la patrie !

Bon, ben voilà, j'avoue : j'ai craqué, j'ai allumé France Inter à treize heures aujourd'hui... Au bout de deux minutes à peine, j'étais boursoufflée de regrets ! Pas d'avoir fait grève pendant quelques jours, hein ! Mais bien d'avoir craqué ! Demain, c'est juré, je compte le nombre de fois où Fabrice Drouelle prononce "Nicolas Sarkozy" en une demi-heure (mais oui, rappelez-vous, on a squizzé la partie magazine du treize-quatorze, à la rentrée dernière, pour nous offrir un "intertreize" absolument pathétique, dans lequel on ne parle plus de culture ou de musique) ! La seule et unique information que j'ai retenue de cet énième intertreize décomplexé, tout entier dédié à Sarkozy-sauveur-de-la-France-qui-décline, c'est que La Photo était enfin prête à être accrochée dans nos mairies. C'est le miracle de la mémoire mise en mode "tri sélectif", ça ! Et aussi, que je pestais tellement contre le Fabrice Drouelle (que j'aimais bien pourtant, quand il faisait la revue de presse) que j'ai pas tout entendu, donc pas tout retenu... Bref.

La Photo, donc. Sur Cabinet de Subversion, MC nous invite à aller lire les commentaires laissés à ce sujet par les lecteurs du Monde (il assure que ça vaut le coup, et je dois dire que ceux que j'ai lus étaient en effet assez rigolos ; ça détend !). Pour ma part, j'ai une préférence pour un commentaire laissé par Lusofranc sur le Forum 21, qui dit que "le photographe doit être de gauche", et qui cite La Boétie : "Certains ne sont grands que parce que d'autres sont à genoux."

Le choix de la bibliothèque me laisse perplexe, je dois dire. Ca m'a fait penser à la maxime "la culture, c'est comme la confiture : moins on en a, plus on l'étale". Eh puis, c'est authentiquement ringard. Bon, remarquez, c'est dans la lignée de Mireille Mathieu s'égosillant Place de la Concorde... Mais, tout de même, c'est décevant de la part d'un type qui prétend faire de la politique sans se départir d'une certaine rock-and-roll-attitude. On était en droit d'attendre à un portrait plus moderne, plus original, plus fun, quoi. Genre, à califourchon sur le rondin d'un parcours-santé, en forêt de Fontainebleau, une main nonchalamment glissée dans la veste de son costume trois-pièces, un sourire de conquérant satisfait sur les lèvres. Ou bien, debout, la main appuyée sur un guéridon où se serait entassée la pile des dossiers urgents à traiter cet été, quand ceux qui auront travaillé dur pour gagner de quoi partir en vacances et ne s'en priveront pas (ceux qui se sont donné la peine de bien suivre la leçon de choses dispensée par les médias dignes de ce nom auront compris que seuls les feignants, les allergiques au travail, les parasites de la société, bref les gueux, ne peuvent pas partir en vacances), avec en arrière-plan sur la droite, une fenêtre s'ouvrant sur la tour du siège de TF1 (que quelqu'un a nommé "la chaîne la plus proche du zéro", mais j'ai oublié où j'ai lu ça). Bref, le portrait est râté et l'image du quinqua branché en prend un coup. C'est bien la peine d'inviter des journalistes triés sur le volet à venir filmer le petit jogging matinal, franchement, si c'est pour après choisir de poser comme ça devant une bibliothèque ! Et ce visage à la fois crispé et inexpressif, ce regard vide, ce brushing de mémère ! Et ces drapeaux trop grands et trop brillants ! Pfff... Pour une photo foirée, c'est une photo foirée ! Ayons une petite pensée émue et compatissante pour les personnels de mairie qui vont avoir ça sous le nez pendant cinq ans... Un lecteur du Monde leur souhaitait justement "bon courage", dans son commentaire...

Je vais finir par un truc qui n'a absolument rien à voir : j'ai découvert Radioblogclub.com aujourd'hui et j'en ai rapporté ça :

Un peu plus tard dans la nuit :

Dans la catégorie "photo foireuse qui montre le contraire de ce qu'elle voudrait montrer", je viens de tomber sur celle-ci, que je trouve particulièrement atroce, voire carrément émétique :

On peut se demander à quoi ressemble le cliché pris par l'autre photographe, celui (celle ?) que l'on voit en pleine action, à gauche de l'image... Si quelqu'un la trouve quelque part, ce serait drôlement sympa de me l'envoyer.

Lire ici la dépêche "Xavier Darcos affiche l'ouverture face aux syndicats de l'éducation" que cette photo est censée illustrer sur le blog de Cendra (beaucoup citée ces derniers jours, décidément...).

Comments

[OLA]

Je suis satisfait, vous avez bien compris mes sentiments.

[Flo Py]

Ca fait quelques heures que j'hésite à répondre à ce commentaire, dont l'ironie ne se laisse flairer que par les points d'exclamation (pour quiconque ne lit pas ceux que vous laissez sur Plume de Presse)...

Je pourrais vous répondre qu'il n'a jamais été question ici de comparer Darcos à un officier SS, et que plus généralement, si je parle volontiers de période fascisante, je réserve le terme de fascisme pour des circonstances plus appropriées. Je pourrais ajouter que je tiens la condescendance pour une forme de mépris particulièrement abjecte.

Mais je n'en ferai rien ; je n'ai aucune envie de rentrer avec vous dans un échange stérile : Plume de Presse vous offre déjà le moyen d'exprimer régulièrement votre amertume vindicative, avec l'assurance d'un plus large lectorat qu'ici.

Bonne fin de journée.

[OLA]

C'est vrai cette photo me fait penser à la dernière guerre où on voit un officier SS caresser la tête d'un enfant avant de l'envoyer à la mort. C'est affreux, les ministres de droites fascistes ne reculent jamais devant l'ignominie. Vivement le retour de la gauche !!!! Elle a le droit d'aimer les petits enfants noirs, elle !

[Cendra]

et on va se priver non ???

Bises

[Flo Py]

... ben on aurait qu'à dire que le premier (ou la première) qui la trouve fait tourner !

Bises à tous !