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Place Assise Non Numérotée
24 mai 2007

"Le Désespoir est une forme supérieure de la Critique. Pour le moment, nous l'appellerons Bonheur."

(D'avance, je présente mes excuses aux puristes qui s'offusqueront peut-être des majuscules... Un petit lien vers le texte intégral, pour me faire pardonner : ici et la chanson, juste en dessous.)
orwellBBC

Lu dans le 20 Minutes de ce jour, que Monsieur-je-suis-tombé-dans-la-Fosse-aux-Dames rapporte de son boulot :

"Nicolas Sarkozy veut dépénaliser le stationnement

C'est une lettre du 19 avril dernier adressée par la candidat UMP au président du Groupement des autorités responsables de transports (GART), que 20 Minutes s'est procurée, qui révèle le pot aux roses. Nicolas Sarkozy souhaite donner la possibilité aux maires qui le souhaitent de "dépénaliser les infractions de stationnement sur voirie". Ce qui signifie que, dans ces villes, les amendes ne seraient plus dressées par les polices nationale et municipale, mais par la municipale ou des sociétés à qui cette tâche serait déléguée. En contrepartie, les recettes reviendraient aux municipalités qui pourraient les consacrer à leur politique de transports en commun. Selon une enquête baptisée Parkopolis, 62% des maires des grandes villes y sont favorables. Des tests de décentralisation de la gestion du stationnement vont être réalisés dans les grandes villes françaises."

Un petit cadre en dessous nous précise qu'"avec ce système, notamment employé en Belgique, les contraventions deviennent des redevances pouvant être dressées par des sociétés privées. Reste à savoir comment contrôler les recettes et la régularité de l'attribution par les villes de juteux contrats publics."

Ces quelques lignes, que je n'ose qualifier d'article, par respect pour les journalistes qui exercent encore honnêtement leur métier, font figure de mise en bouche, comparées à ceci : Examen en première lecture du projet de loi relatif aux responsabilités locales : M. Christian PHILIP s'engage à retirer son amendement en échange d'un réexamen de celui-ci en seconde lecture (lire ici).

Tout ça n'est déjà pas folichon-folichon, mais si l'on y ajoute le fait que les Verts, dans leur programme (Limiter les transports de marchandises pour permettre le déplacement des hommes) pour les législatives de 2002, proposaient de dépénaliser le stationnement pour en faire un service public industriel et commercial géré au niveau local, là ça devient carrément à pleurer ! Car on imagine aisément ce qui sera rétorqué si, par hasard, ce projet de loi vient à faire la une des quotidiens (notez bien que j'ai un sérieux doute là-dessus, hein !). Le petit monsieur qui cite Léon Blum et fustige les égorgeurs de moutons dans les baignoires n'aura aucun scrupule à essayer de faire passer cette mesure pour écolo ! Comme quoi, chaque mot est important, chargé de sens ; l'information pré-mâchée et pré-digérée (pour citer Tryo) nuit dangereusement au sens critique et à la compréhension du monde qui nous entoure et dans lequel nous vivons. (Je ne suis même pas certaine que ce soit un truisme, si j'en crois ce que j'entends autour de moi, et cependant, j'aimerais sincèrement que ça en soit un...)

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Commentaires
F
J'y vois surtout la volonté de créer un nouveau marché juteux pour les amis du Néo-Président.<br /> Sûr qu'un Veolia se verrait bien gérer ce genre de gros paquet d'argent !!!<br /> <br /> [Merci pour Léo Ferré, j'adooore !].<br /> <br /> :-)
E
A priori, je ne suis pas contre cette mesure. Mais il faut voir comment elle est appliquée. Le problème c'est que les maires des petites communes ont déjà beaucoup de travail et de responsabilités. Mais, il est vra que dans les petites communes le stationnement est souvent gratuit. Donc, pourquoi pas?
L
Ce système a effectivement été utilisé en Belgique.<br /> On ne peut pas dire que cela ait transformé le petit royaume du nord en dictature, mais il y a quand même clairement des effets, parfois pervers.<br /> <br /> Le premier effet, c'est l'embauche dans des statuts précaires de nuées de jeunes, revêtus d'uniformes d'un peu toutes les couleurs, qui passent leur temps à verbaliser le stationnement. En général ils ne sont pas employés par des sociétés privées mais par des organismes dépendant des municipalités et baptisés "régie communale autonome". L'objectif est triple : cela participe à la résorption du chômage des jeunes (ou plutôt à un traitement statistique du chômage car ce ne sont pas de vrais emplois productifs et durables), et cela augmente les recettes des communes (puisque effectivement si l'argent des amendes va à l'Etat celui des "redevances" va aux "régies communales autonomes". Enfin, cela permet un certain désengorgement des tribunaux.<br /> <br /> Enfin, il y a eu au moins une grosse "bavure" du système : à Charleroi (ville de 200.000 habitants), la "Régie -Communale Autonome" avait pratiquement échappé au contrôle démocratique du conseil municipal, et des sommes énormes sont passées directement des compteurs de stationnement à différentes associations, voire à des poches privées. En payant son stationnement, l'automobiliste finançait directement et sans aucun contrôle des clubs sportifs, des associations culturelles, mais aussi les dépenses extravagantes de certains élus dans des restaurants ou chez des cavistes...
F
Oui, je suis entièrement d'accord avec vous.<br /> Concernant ce que vous pointez comme le "risque essentiel", je n'avais pas vu les choses sous cet angle ; c'est intéressant.<br /> A bientôt.
K
Je reconnais que la possibilité existe, dans la réaité inversée que nous vendent les communiquants politiques, qu'une telle mesure soit taxée d'écologiste. Relevons qu'il ne s'agirait ni plus ni moins que de muer la voiture en un "moteur" de l'écologie, puisqu'elle serait source de revenu pour la préservation de cette dernière. En fait, ne pourrait-on pas imaginer que les conducteurs de grosses cylindrées, en se garant anarchiquement moyennant le paiement d'une sorte d'abonnement, puissent ainsi se percevoir comme d'importants bailleurs de fonds du développement durable... quelle sinistre blague, déjà pratiquée dans d'autres domaines, comme, par exemple, pour le système vélo ville de Lyon : une bonne idée, sauf s'agissant de son financement. Decaux, en fournissant ce service, associe dans les esprits la pub ! (vendeuse de 4*4, cosmétiques, télés et autres saloperies) à la préservation de l'environnement. <br /> a mon sens c'est bien là qu'est le risque essentiel d'une telle mesure. En habituant insidieusement la population à voir des personnes privées appliquer des sanctions, elle préparerait les esprits à accepter sans renâcler la mise à mort en cours de l'Etat de droit.<br /> à bientôt
Place Assise Non Numérotée
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