Allô la Terre, ici Mars
Ce soir, j'aurais aimé qu'un citoyen ordinaire, qui a voté pour Nicolas Sarkozy et s'apprête à élire un député UMP, sonne à ma porte. Armé de patience et de bonne foi, bien décidé à m'expliquer le sarkozysme.
On se serait installé à la table de la cuisine. Je lui aurais offert une tasse de café noir et ouvert grand les écoutilles.
Il m'aurait expliqué pourquoi la franchise sur le remboursement des frais de santé est une bonne mesure, une mesure juste. M'aurait éclairée sur les raisons profondes qui font dire à notre Président que "L'Etat est trop endetté et les ménages pas assez. D'ailleurs, il faut tordre le cou à cette idée : s'endetter, pour un ménage, ce n'est pas mal, c'est une preuve de confiance dans l'avenir" (voir ici). M'aurait peut-être même rassurée en me disant que Nicolas Sarkozy rassemble, non pas autour de sa seule personne, mais sur un vrai projet de société, porteur d'une promesse de bonheur collectif.
Car cela, je peux le concevoir : que nous ne partagions pas tous la même vision du bonheur collectif. Que nous ne soyons pas tous d'accord sur ce serait ou devrait être une société idéale. Et c'est très bien comme ça.
Mais en lisant, puis en relisant le post d'Olivier Bonnet aujourd'hui ("Endettement record des ménages : Sarkozy applaudit"), ce n'est pas un sentiment de désaccord ou de révolte qui me serrait la gorge. C'est l'incompréhension. Et cette interrogation : comment dialoguer avec quelqu'un qu'on ne comprend pas au point d'avoir parfois l'impression qu'on ne vit pas sur la même planète ?
Nul sarkozyste n'a sonné à ma porte, ce soir. Ni ne sonnera demain, probablement. Je vais me coucher aussi ignorante que je me suis levée, et découragée par ce fossé qui s'est creusé entre la droite et Raymond Aron.
Loïc Lantoine - Johnny (extrait de l'album Tout est calme)