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Place Assise Non Numérotée
31 mai 2007

Allô la Terre, ici Mars

Ce soir, j'aurais aimé qu'un citoyen ordinaire, qui a voté pour Nicolas Sarkozy et s'apprête à élire un député UMP, sonne à ma porte. Armé de patience et de bonne foi, bien décidé à m'expliquer le sarkozysme.
On se serait installé à la table de la cuisine. Je lui aurais offert une tasse de café noir et ouvert grand les écoutilles.

Il m'aurait expliqué pourquoi la franchise sur le remboursement des frais de santé est une bonne mesure, une mesure juste. M'aurait éclairée sur les raisons profondes qui font dire à notre Président que "L'Etat est trop endetté et les ménages pas assez. D'ailleurs, il faut tordre le cou à cette idée : s'endetter, pour un ménage, ce n'est pas mal, c'est une preuve de confiance dans l'avenir" (voir ici). M'aurait peut-être même rassurée en me disant que Nicolas Sarkozy rassemble, non pas autour de sa seule personne, mais sur un vrai projet de société, porteur d'une promesse de bonheur collectif.

Car cela, je peux le concevoir : que nous ne partagions pas tous la même vision du bonheur collectif. Que nous ne soyons pas tous d'accord sur ce serait ou devrait être une société idéale. Et c'est très bien comme ça.

Mais en lisant, puis en relisant le post d'Olivier Bonnet aujourd'hui ("Endettement record des ménages : Sarkozy applaudit"), ce n'est pas un sentiment de désaccord ou de révolte qui me serrait la gorge. C'est l'incompréhension. Et cette interrogation : comment dialoguer avec quelqu'un qu'on ne comprend pas au point d'avoir parfois l'impression qu'on ne vit pas sur la même planète ?

Nul sarkozyste n'a sonné à ma porte, ce soir. Ni ne sonnera demain, probablement. Je vais me coucher aussi ignorante que je me suis levée, et découragée par ce fossé qui s'est creusé entre la droite et Raymond Aron.

Loïc Lantoine - Johnny (extrait de l'album Tout est calme)

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Commentaires
F
Je ne sais pas si l'on peut le qualifier d'optimiste. Je penche plutôt pour une certaine candeur, et une confiance touchante en la démocratie.<br /> Cela dit, je suis d'accord avec vous pour dire que le raisonnement ne s'applique pas pour le vote du 6 mai dernier (loin s'en faut !).<br /> Merci de votre visite et à bientôt.
J
Je trouve le commentaire de "Motpassant" très optimiste: "Si ce gouvernement échoue, dans cinq ans il y aura une majoriité de gauche"....<br /> Est-ce à dire que Mr Sarkozy a été élu parce que les gouvernement Raffarin et Villepin auquels il a appartenu n'ont pas échoué ????<br /> <br /> jf.
F
Flo-Py, j'en suis au même point que toi, à ne plus comprendre mes contemporains.<br /> Je pense par exemple à la belle campagne des Don Quichotte pour finalement aboutir à une France de propriétaires…<br /> <br /> Pour les mesures sur la Sécu, comme pour les Loi sur l'immigration ou la sécurité, ça a déjà été fait et ça n'a servi à rien. Donc, pourquoi recommencer le même procédé ? Et bien parce qu'à chaque texte, ce sont nos droits qu'on grignote…<br /> <br /> :-)
F
Merci, tout d'abord, d'être passé et d'être resté un peu, d'avoir pris le temps d'exprimer votre point de vue avec une courtoisie qui me touche beaucoup (c'est sincère).<br /> <br /> Concernant le problème (dit aussi "trou") de la Sécurité Sociale, je prends un point de départ différent du vôtre. La question à mes yeux est de savoir si l'on veut ou non un système de santé basé sur la solidarité. Si oui, il faut s'en donner les moyens. Un peu comme quelqu'un qui voudrait acheter une maison (justement, c'est le sujet à la mode, en ce moment) et qui, pour arriver à payer ses traites, déciderait d'acheter moins de cédés, résilierait l'abonnement à son magazine préféré, se passerait de téléphone portable ou réduirait son forfait, bref déciderait de baisser un peu son train de vie pour atteindre son objectif.<br /> Le principe de la franchise me dérange parce qu'il pulvérise littéralement le principe même de la Sécurité Sociale tel qu'il a été pensé à la Libération. Et que cette franchise soit de 10 ou 40 euros ne change rien, dans le fond : ceux qui ne pourront pas supporter ce coût en seront réduits à réclamer une prise en charge. On repousse encore davantage les plus défavorisés vers la marge.<br /> <br /> Quant à la révolution culturelle, oui c'est bien comme ça que je le ressens, moi aussi. Mais j'ai l'impression qu'elle nous entraîne plutôt vers le dix-neuvième siècle, socialement parlant... Nous nous apprêtons à faire les mêmes erreurs qu'aux Etats-Unis, avec dix, quinze voire vingt ans de "retard". Ces années-là devraient justement nous permettre d'avoir du recul, d'observer les effets catastrophiques sur la population (on peut citer, par exemple, la hausse de la mortalité infantile dans les milieux défavorisés, dûe justement à un système de santé qui laissent des millions de personnes sur le carreau).<br /> La nouvelle économie que vous évoquez n'a, au fond, rien de bien nouveau. L'ère capitaliste s'est ouverte avec les révolutions industrielles, c'est-à-dire il y a à peu près deux siècles, et ce que nous appelons la mondialisation s'est organisée peu à peu, à mesure que les moyens de transport se sont développés.<br /> L'essentiel est donc bien de savoir vers quelle société nous voulons aller, dans quel monde nous voulons vivre. Redéfinir ce qui est important sur le plan humain, et ce qui l'est moins. A mes yeux, l'économie est un outil, un moyen ; pas une fin en soi.<br /> <br /> Encore une fois, merci de votre commentaire. J'espère que le mien est aussi urbain que le vôtre. Et j'ajouterai que j'aime beaucoup votre pseudo :-)<br /> <br /> Bonne fin de journée !
M
Je passe tout à fait par hasard sur votre blog où je décéle une légére incertitude quant au programme de Nicolas Sarkozy.<br /> Tout d'abord je vourais vous dire que je partage le commentaire de Cat.<br /> Ensuite que je suis un affreux bonhomme de droite.<br /> Je ne suis pas là pour vous convaincre ni pour contester vos idées, soyez-en assurée. Mais comme vous demandiez à quelqu'un de droite de passer chez vous, je suis là, bon d'accord je ne suis pas Sarkozy, mais bon il faut faire avec.<br /> Vous savez tout comme moi que la Sécurité Sociale est en danger et que quel que soit les gouvernements aucune solution n'a encore été trouvée. Peut-être me direz vous, mais la gauche avait fait mieux ou il ne fallait pas augmenter les médecins. Toujours est-il que le problème se pose et la proposition est d'établir une franchise qui pourrait varier entre 10 et 40 euros ANNUELS; est-ce insurmontable ? Pour certains oui mais il y aura parait-il des aménagements.<br /> L'endettement des Français est très bas par rapport aux pays voisins sans tenir compte de l'Amérique où là c'est gigantesque.<br /> L'endettement à un niveau raisonnable a cela de bon qu'il permet de dégager des fonds utiles pour l'investissement des entreprises. Rassurez-vous je suis comme vous l'endettement me fait peur et cela ne fait pas partie de la culture en France.<br /> <br /> En fait ce qui a fait cette fois cette coupure en la gauche et la droite et dont j'en éprouve beaucoup de tristesse c'est que nous devons faire une sorte de révolution culturelle de façon à nous adapter à une nouvelle économie. Cet état de retard est du à Chirac qui n'a rien fait pendant 12 ans et je peux comprendre que cela fasse un choc quand il faut se réveiller.<br /> Non vous n'êtes pas une sale gauchiste attardée et je ne suis pas un affreux droitiste, nous sommes tous les deux des Français qui essaient de s'en sortir avec leurs sensibilités, leur vécu.<br /> Faisons confiance en l'avenir et puis dans cinq ans si ce gouvernement a échoué croyez-moi il y aura cette fois une majorité de gauche. C'est la démocratie.
Place Assise Non Numérotée
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