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Place Assise Non Numérotée
30 mai 2007

On a gravé Egalité sur le fronton de nos mairies

Il y a près d'un an, la tribu a déménagé.

Nous avons quitté une ville aisée de 17000 habitants, pour une ville aisée de presque 29000 habitants, située à cinq kilomètres de la première. Pas de grand bouleversement, en somme. Nous avons eu la chance d'emménager dans un appartement avec quatre chambres, sans renoncer au "bonheur d'être à l'Ouest" (pour reprendre une publicité pour le centre commercial régional de Parly 2, dont - entre nous - je trouve l'autosatisfaction un peu obscène). Les résultats aux dernières élections ont été sensiblement les mêmes dans les deux villes (environ 65% pour Nicolas Sarkozy Notre Guide). Bref, c'est différent mais c'est presque pareil.

L'année dernière, la directrice de l'école maternelle que fréquentait Fils Sandwich était un genre de franc-tireur (Le Petit Robert me confirme qu'il n'existe pas de féminin pour ce nom, comme "successeur", ou "imposteur"...). Pour remplacer les meubles cassés dans les classes malgré un budget plutôt ric-rac, cette femme récupérait régulièrement des trucs aux "encombrants" sur son temps libre (les mauvaises langues diront qu'étant fonctionnaire, elle a davantage de temps libre que le commun des mortels, mais je m'en fous : j'ai résolu d'ignorer les mauvaises langues, ce soir), qu'elle nettoyait, ponçait, réparait et repeignait. De la même manière, elle a réussi à équiper chaque classe de postes informatiques, en faisant notamment appel aux parents d'élèves, et en récupérant de ces ordis que l'on jette parce que trop vieux, trop lents pour prendre un abonnement internet ADSL. Bref. Cette directrice est le Système D faite femme ! Jamais je ne l'ai entendue tenir des propos partisans, ou même reprocher quoi que ce soit, de manière subtile ou non, à l'équipe municipale (forcément UMP : on est dans les Yvelines, rappelez-vous !) en place. On peut considérer que cette petite dame pleine d'énergie ne fait qu'apporter des solutions concrètes à des problèmes concrets. Qu'elle est pragmatique et pleine de bon sens (c'est le cas). On peut même penser que c'est une bonne chose (c'est également le cas, à une toute petite échelle).

Pourtant, malgré toute l'admiration que m'inspire sa débrouillardise (surtout pour une empotée comme moi, qui n'ai jamais réussi à tricoter en point mousse, ni jamais rien su faire de ses dix doigts, à part la cuisine, parce que ça me détend), je dois dire que quelque chose me dérange : qu'en est-il des conditions de travail des élèves de maternelle quand le chef d'établissement ne fait "que" son boulot et n'est pas une sorte de Mac Gyver à ses heures perdues ? Est-il normal que le budget soit si serré que les conditions de travail et d'enseignement dépendent directement de l'adresse manuelle et de l'ingéniosité de la directrice (ou du directeur, mais il y a quand même beaucoup plus de femmes que d'hommes à la tête d'écoles maternelles, et dans les écoles maternelles tout court, d'ailleurs) ? Est-ce juste ?

Plus généralement, la décentralisation (puisque c'est bien de ça qu'il s'agit) est-elle juste ? Nous garantit-elle l'égalité de traitement selon la ville, le département, la région où nous vivons ? Les questions qu'elle soulève ne sont ni de droite ni de gauche. D'ailleurs, sauf erreur de ma part, il me semble que ce sont les socialistes qui ont commencé à décentraliser à tour de bras. Les autres ont continué. Et personne n'a songé à redistribuer l'argent différemment : ce sont aux collectivités locales de se débrouiller et, à l'instar de cette directrice, de faire preuve d'imagination et d'ingéniosité. Et tout ça sans trop augmenter les impôts, puisque les gens ne veulent plus en payer, ou le moins possible (ce n'est pas vrai pour tout le monde : je fais partie des gens heureux de payer des impôts, mais bon, on est minoritaire, c'est certain...). L'idéal républicain n'est plus qu'un gadget, un bidule qui fait joli dans les livres d'histoire et d'éducation civique. Tiens au fait, est-ce que ça existe encore l'éducation civique ?...

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Commentaires
F
Je ne retrouve plus le morceau de Loïc Lantoine que j'avais commenté ici.<br /> Juste pour signaler que, de par ta faute, je me suis emprunté son dernier album à la médiathèque !<br /> Ça s'appelle de l'échange culturel ou je n'y connais plus rien ! :-)<br /> Bise aussi…<br /> :-)
F
Au-delà du seul "problème" de l'Education Nationale, je pense que c'est en grande partie pour ça que le dialogue est si difficile avec les gens qui ne remettent pas en cause ce que tu nommes la "philosophie libérale" (qu'ils soient de droite ou de gauche ; ce sont les "réalistes" autoproclamés).<br /> <br /> Bises.
F
Tiens je viens de me rendre compte que parmi les blogs que je suis, une majorité est dans les Yvelines. Comme se fait-ce ?<br /> <br /> Tu poses LA bonne question à propos de l'Education Nationale.<br /> Pour moi, le probleme vient de la philosophie libérale qui nous montre tout sous forme de coûts, de charges et de rentabilité.<br /> Ainsi, l'es écoles PÈSENT sur le budget de la nation (version officielle) alors que pour nous, et pour pas mal de gens, il s'agit avant tout d'une nécessité républicaine.<br /> <br /> A trop vouloir faire passer l'Etat pour un gestionnaire, on en oublie qu'il est bien plus que cela et qu'il est surtout l'émanation de la volonté du peuple…<br /> <br /> :-)
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