Huitième Sonnet

Je vis, je meurs: je me brûle et me noie,

J'ai chaud extrême en endurant froidure;

La vie m'est et trop molle et trop dure,

J'ai grands ennuis entremélés de joie.


Tout en un coup je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint grief tourment j'endure,

Mon bien s'en va, et à jamais il dure,

Tout en un coup je sèche et je verdoie.


Ainsi Amour inconstamment me mène

Et, quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.


Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être en haut de mon désiré heur,

Il me remet en mon premier malheur.


Louise Labé

[Joyeux anniversaire à Petite Sœur ! 29 ans... Ça nous rajeunit pas !]

Comments

[Monsieur Poireau]

Ah c'est bien de relire Labbé de temps en temps !
:-)

[Françoise]

Merci pour ce moment de gtâce.

Elle disait si bien... et rien n'a changé fors la langue.