De Maurice Grimaud à Nicolas Sarkozy
Il y a une dizaine de jours, alors que nous étions en route pour Péseux, nous avions mis France Inter dans la voiture. Journée spéciale Mai 68, tout le long du chemin. C'était génial. Ça nous a permis d'entendre l'indicatif du flash infos de l'époque, mais aussi et surtout, une interview de Maurice Grimaud, préfet de police au moment des "Evènements", "l'homme-qui-a-évité-le-bain-de-sang-en-68".
Avant d'entendre ce vieux monsieur - il fêtera ses 95 ans à la fin de l'année - expliquer avec douceur et modestie comment il a fait pour empêcher que Mai 68 vire au désastre sanglant, l'idée ne m'avait à vrai dire jamais effleurée que tout ça aurait pu effectivement mal tourner.
Pourquoi je pense à ça, ce soir ? Parce que je viens de lire chez Le Sarkopithèque que, samedi dernier, des lycéens avaient organisé un blocus pacifique de leur lycée, à Gagny, pour protester contre la suppression de postes de professeurs et de l'un des trois postes de CPE (Conseiller Principal d'Education), et que c'est à coups de flash-ball, de matraque et de gaz lacrymogène que la police les a délogés.
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envoyé par Gagny_Gustave_Eiffel
Article RUE89
Voici le témoignage d’enseignants présents ce samedi matin, Micheline Desponds et Stéphanie Jourdain :
«Ce matin, vers 7h30, quelques élèves ont démarré un blocus du lycée. Le nombre d’élèves massés chemin de la Renardière a augmenté jusqu’à 8h30. Ce blocus laissait, plus ou moins, passer les professeurs et les élèves souhaitant aller en cours. Des policiers de la ville de Gagny étaient présents. Vers 8h45, des professeurs ont pu discuter avec les élèves, leur proposant la tenue d’une AG lundi.
Vers 9h15, une deuxième brigade est arrivée (brigade départementale de sécurité). Ces policiers étaient casqués, armés (flash-ball et gaz lacrymogène). Ils ont directement chargé, en remontant le chemin de la Renardière afin de dissoudre le blocus ce qui a entraîné un mouvement de panique des élèves refluant vers le lycée. Il y a eu plusieurs allers et retours, plusieurs charges consécutives. De nombreux élèves ont été aspergés de gaz, un professeur a été molesté, des élèves ont reçu des flash-ball. Les pompiers ont dû intervenir. Un élève a été arrêté.
Tout ceci en dépit de la présence du proviseur et de quelques professeurs qui se sont interposés pour calmer la situation; ce qui était difficile compte-tenu de la violence des propos tenus par les membres de la brigade.
Vers 10h00, des professeurs ont réussi à convaincre les élèves de tous rentrer dans le lycée, tandis que la brigade se retirait. Une AG s’est tenue, sur les marches de l’escalier, à la suite de laquelle les élèves sont rentrés chez eux. Tous les présents ont été particulièrement choqués par la violence de cette répression injustifiée.
Les professeurs se sont réunis, en présence de quelques parents et élèves. Il a été décidé que les professeurs soient présents et se réunissent au lycée lundi dès 7h30. Des parents seront présents aussi.
M. le maire (et un adjoint) ainsi que l’inspecteur d’académie sont arrivés au lycée. La réunion s’est poursuivie en leur présence. A l’issue de cette réunion M. le proviseur et M. le proviseur adjoint se rendaient au commissariat pour récupérer notre élève.» (lu sur Le Sarkopithèque)
Et là, on prend deux minutes pour imaginer Mai 68 aujourd'hui...