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Place Assise Non Numérotée
1 avril 2008

De Maurice Grimaud à Nicolas Sarkozy

Il y a une dizaine de jours, alors que nous étions en route pour Péseux, nous avions mis France Inter dans la voiture. Journée spéciale Mai 68, tout le long du chemin. C'était génial. Ça nous a permis d'entendre l'indicatif du flash infos de l'époque, mais aussi et surtout, une interview de Maurice Grimaud, préfet de police au moment des "Evènements", "l'homme-qui-a-évité-le-bain-de-sang-en-68".

Avant d'entendre ce vieux monsieur - il fêtera ses 95 ans à la fin de l'année - expliquer avec douceur et modestie comment il a fait pour empêcher que Mai 68 vire au désastre sanglant, l'idée ne m'avait à vrai dire jamais effleurée que tout ça aurait pu effectivement mal tourner.

Pourquoi je pense à ça, ce soir ? Parce que je viens de lire chez Le Sarkopithèque que, samedi dernier, des lycéens avaient organisé un blocus pacifique de leur lycée, à Gagny, pour protester contre la suppression de postes de professeurs et de l'un des trois postes de CPE (Conseiller Principal d'Education), et que c'est à coups de flash-ball, de matraque et de gaz lacrymogène que la police les a délogés.


Gagny_lycee_Eiffel1
envoyé par Gagny_Gustave_Eiffel

Article RUE89
Voici le témoignage d’enseignants présents ce samedi matin, Micheline Desponds et Stéphanie Jourdain :

«Ce matin, vers 7h30, quelques élèves ont démarré un blocus du lycée. Le nombre d’élèves massés chemin de la Renardière a augmenté jusqu’à 8h30. Ce blocus laissait, plus ou moins, passer les professeurs et les élèves souhaitant aller en cours. Des policiers de la ville de Gagny étaient présents. Vers 8h45, des professeurs ont pu discuter avec les élèves, leur proposant la tenue d’une AG lundi.

Vers 9h15, une deuxième brigade est arrivée (brigade départementale de sécurité). Ces policiers étaient casqués, armés (flash-ball et gaz lacrymogène). Ils ont directement chargé, en remontant le chemin de la Renardière afin de dissoudre le blocus ce qui a entraîné un mouvement de panique des élèves refluant vers le lycée. Il y a eu plusieurs allers et retours, plusieurs charges consécutives. De nombreux élèves ont été aspergés de gaz, un professeur a été molesté, des élèves ont reçu des flash-ball. Les pompiers ont dû intervenir. Un élève a été arrêté.

Tout ceci en dépit de la présence du proviseur et de quelques professeurs qui se sont interposés pour calmer la situation; ce qui était difficile compte-tenu de la violence des propos tenus par les membres de la brigade.

Vers 10h00, des professeurs ont réussi à convaincre les élèves de tous rentrer dans le lycée, tandis que la brigade se retirait. Une AG s’est tenue, sur les marches de l’escalier, à la suite de laquelle les élèves sont rentrés chez eux. Tous les présents ont été particulièrement choqués par la violence de cette répression injustifiée.

Les professeurs se sont réunis, en présence de quelques parents et élèves. Il a été décidé que les professeurs soient présents et se réunissent au lycée lundi dès 7h30. Des parents seront présents aussi.

M. le maire (et un adjoint) ainsi que l’inspecteur d’académie sont arrivés au lycée. La réunion s’est poursuivie en leur présence. A l’issue de cette réunion M. le proviseur et M. le proviseur adjoint se rendaient au commissariat pour récupérer notre élève.» (lu sur Le Sarkopithèque)

Et là, on prend deux minutes pour imaginer Mai 68 aujourd'hui...


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Commentaires
F
@ Guy M. : Y a des jours comme ça où même Sainte Caféine ne peut rien pour nous ! Vous êtes tout pardonné :-) Pour Grimaud, dans son interview, il disait qu'il lui arrivait d'être reconnu dans la rue (il allait plus ou moins incognito voir ce qui se passait de près) et que parfois, des discussions s'ensuivaient. Un truc difficile à imaginer aujourd'hui... Cela dit, je ne doute pas qu'il n'aurait eu aucune chance d'être ovationné à la Sorbonne :-)<br /> <br /> @ Iyhel : ... (sourire)<br /> <br /> @ Jihelpé : on est d'accord (j'en profite pour redire que j'ai beaucoup aimé ta définition de la droite décomplexée ;-))<br /> <br /> @ Kiki : certes... D'ailleurs, les petits jeunes qu'on voit sur les différentes vidéos du blocus de Gustave Eiffel ont l'air particulièrement retors, sales et dangereux, je trouve ;-)<br /> <br /> @ JR : oui, c'est très difficile de ne pas faire le lien, pour le coup ! Mais outre que ça me scandalise qu'on cogne et qu'on gaze des gamins (oui, je sais, je radote), je me demande si ce n'est pas en plus contre-productif. Une réponse aussi excessive ne peut rien donner de bon, je crois.<br /> <br /> Bises à tous et bonne (fin de) soirée !
G
Pardon d'avoir été si laconique ce matin (le café ne faisait aucun effet!). En parlant de Papon, je voulais dire que son style de répression (voir 1961 et 1962) aurait été plus sanglant. Lui ne se serait pas "opposé" aux intentions de de Gaulle, comme l'ont (heureusement fait Pompidou et Grimaud).<br /> <br /> Ceci dit, le tabassage systématique des personnes interpelées a été régulièrement pratiqué, mais plus "légèrement". Et le préfet Grimaud n'aurait eu aucune chance de se faire ovationner à la sorbonne ou ailleurs....
I
Ca reste de la riposte proportionnnée : hélicos à Villiers le Bel, matraque à Gagny... Riposte préemptive façon guerre d'Irak, mais proportionnée on vous dit !<br /> <br /> (et c'est là que la boutade de l'ambassadeur chinois prend toute sa saveur)
J
Effectivement c'était pas loin d'être Papon en 68... Mais quand je vois les images et les interviews de Gagny, je me dis que l'on y est revenu...<br /> C'est l'effet Sarkozy la "droite décomplexée..."
P
Bouhou.<br /> Flo Py, tu as raison de rappeler que ce sont des lycéens. C'est qu'ils doivent sacrément avoir peur ceux d'en face, les troupes "armées", être drôlement sous pression pour obéir à des ordres pareils.<br /> Kiki
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