Mai 68, par Le Yéti
Monsieur Le Yéti m'a demandé par mail d'ajouter un lien à l'attention du Charançon Libéré.
Cher Yéti, je ne peux pas (ou bien ne sais pas, ce qui revient au même) satisfaire à ta demande...
Voici donc les premiers paragraphes d'un très beau billet daté du 28 juillet 2007, et un lien pour lire la suite sur les Chroniques du Yéti.
Je voudrais vous parler de Mai 68.
Jusqu'à présent, je ne l'ai jamais fait que de façon fugace, éparse. Je n'ai pas souvenir d'avoir rien lu, ni rien entendu qui traduise le formidable déluge d'émotions que je ressentis à cette époque-là. Aucune des nombreuses analyses, pour pertinentes et fines qu'elles soient, n'est parvenue à m'en rendre l'intensité. Pourquoi une telle explosion vous laisse-t-elle ainsi sans voix quarante années durant ? Je me rends compte que ce sujet remonte peu à peu à la surface, que l'écriture de ces "chroniques d'un voyageur à domicile" n'en sont qu'une patiente tentative d'apprivoisement.
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Avril 1968. L'immense majorité de la population ignore encore la déflagration qui va secouer son existence. J'ai (presque) dix-huit ans. Le conservatisme étriqué des générations précédentes nous tient sous muselière. Dans le lycée parisien mixte (chose encore très rare à l'époque) où je prépare mon bac, les garçons sont fréquemment renvoyés chez eux mettre la cravate qui leur fait défaut. Les filles qui ont eu l'insolence de se maquiller sont invitées à se nettoyer à l'eau froide dans les toilettes de l'établissement. Les pantalons leur sont permis... à condition qu'une jupe ou une robe les recouvrent ! Les cartables sont fouillés, à la recherche de quelques ouvrages aussi subversifs ou licencieux que ceux de Boris Vian. La pilule contraceptive, "autorisée" depuis un an, n'est encore qu'un vœu pieux pour les teenagers que nous sommes. Baiser n'est pas une sinécure...