Mai 08, le manifeste
Pour rester dans la bonne humeur, voici le très beau manifeste que nous offre Le Yéti aujourd'hui (encore merci à lui).
LE MANIFESTE !
CE QUE SERA "MAI 2008", TIENT ENTIÈREMENT À TOI ET À TOI SEUL, CAMARADE !
Tout part de ta tête à toi et à toi seul, selon que celle-ci est encore
à l'envers ou enfin à l'endroit. Mais ne la meurtris pas en ruminations
stériles. SORS TA TÊTE SUR LE TROTTOIR, TOUT DE SUITE !
NE COMPTE SURTOUT JAMAIS SUR AUCUNE DES ORGANISATIONS POLITIQUES DU PASSÉ.
Toutes sont de vieilles ruminantes édentées. Oublie-les. Ne t'appuie
que sur toi. Et sur ceux en qui tu te reconnaîtras vraiment.
N'ATTENDS PAS LES AUTRES POUR BOUGER TON CUL.
Une révolte collective n'est que la somme des exaspérations
individuelles qui soudain, à un moment donné, se retrouvent ensemble
sur le pavé des rues. Commence déjà par toi-même. Aux autres de prendre
leurs responsabilités. Et tant pis, si tu dois être tout seul. Assume !
RAPPELLE-TOI QUE SI LA COLÈRE EST UN DÉTONATEUR NÉCESSAIRE, ELLE N'EST JAMAIS UN MOTEUR.
Trop souvent et trop obligeamment ressassée, elle tourne à l'aigreur et
lasse l'auditoire. Elle est un aveu d'impuissance et un prétexte à
l'inaction.
TU NE DOIS PAS ATTENDRE LE "GRAND SOIR" POUR METTRE TON PROJET EN PRATIQUE, MAIS LE LANCER IMMÉDIATEMENT.
La "révolution" commence TOUT DE SUITE, dans ta cuisine, dans les
toilettes au fond du jardin, dans l'éducation de tes mômes, dans tes
rapports enflammés avec ton(tes) amoureux(se(s)), dans l'éclat de rire
désarmant et narquois que tu jettes à ton banquier ou au factotum du
Trésor Public, dans le pied-de-nez permanent que tu adresses à la
grisaille ambiante.
LA "RÉVOLUTION" COMMENCE PAR CONTAMINATION EXALTÉE DU MODÈLE.
(Et le modèle, ça doit être toi, mon poulet ! Dur à porter, isn't it ?)
SI D'AVENTURE, UNE ILLUSION DE "GRAND SOIR" APPARAÎT, FONCE... MAIS
N'OUBLIE JAMAIS QU'AUCUN "GRAND SOIR" N'EST POSSIBLE DURABLEMENT !
C'est comme ça, tu peux y mettre toutes les théories et toutes les
bonnes intentions du monde, tu ne révolutionneras jamais la nature
humaine. Tout est sans cesse à remettre sur l'établi.
NE CHERCHE JAMAIS À PRENDRE LE POUVOIR. ENCORE MOINS À LE GARDER.
Ce n'est en aucun cas nécessaire. Tu t'y feras engluer par les
prédateurs. Tu n'en as pas besoin pour faire valoir tes idées. La
preuve ? Mai 68, dont aucun des participants sincères n'exerça jamais
de gouvernance… mais dont, quarante années plus tard, quelques sombres
merdeux sont encore à vouloir "liquider l'héritage".
RAPPELLE-TOI QUE LA DÉMOCRATIE N'EST QU'UN PIS-ALLER, CELLE DU FAIT MAJORITAIRE. MAIS QUE RIEN NE SAURAIT JAMAIS ENTRAVER LE JUGEMENT DE TA CONSCIENCE INDIVIDUELLE. DÉFENDS-LA MORDICUS, DE FAÇON "MUSCLÉE" S'IL LE FAUT.
"ENTRE LA NON-VIOLENCE ET LA VIOLENCE, JE CHOISIS LA NON-VIOLENCE. MAIS ENTRE LA LÂCHETÉ ET LA VIOLENCE, JE CONSEILLERAIS LA VIOLENCE." (Gandhi, août 1920)
NE TE GARGARISE PAS TROP AVEC LE MOT DE "PEUPLE". NE TE CACHE SURTOUT PAS DERRIÈRE LUI.
L'idée de "peuple" est souvent antinomique avec les exigences de la
conscience individuelle. Il n'est pas sûr que le "peuple" soit toujours
à la hauteur de ce qu'on attend de lui. Respecte le "peuple" (je veux
dire les autres), mais ne leur laisse jamais t'imposer un respect qui
répugne ta conscience. Le "peuple" fut-il "majoritaire".
N'ABUSE PAS DE TES VICTOIRES.
Ne vole aux autres que ce qu'ils te donnent. C'est le comble du panache.
ET NE PLEURNICHE PAS SUR TES DÉFAITES (c'est pas grave !)
À CHAQUE SECONDE DE TON EXISTENCE, TU DOIS IRRADIER TON PROJET DE TON INSOLENCE, DE TON EXUBÉRANCE COMMUNICATIVE, DE TA SOIF INEXTINGUIBLE DE VIE.
"IMPOSE
TA CHANCE, SERRE TON BONHEUR ET VA VERS TON RISQUE. À TE
REGARDER, ILS S'HABITUERONT."
(René Char)