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Place Assise Non Numérotée
28 janvier 2008

Mai 08, le manifeste

Pour rester dans la bonne humeur, voici le très beau manifeste que nous offre Le Yéti aujourd'hui (encore merci à lui).

LE MANIFESTE !

CE QUE SERA "MAI 2008", TIENT ENTIÈREMENT À TOI ET À TOI SEUL, CAMARADE !
Tout part de ta tête à toi et à toi seul, selon que celle-ci est encore à l'envers ou enfin à l'endroit. Mais ne la meurtris pas en ruminations stériles. SORS TA TÊTE SUR LE TROTTOIR, TOUT DE SUITE !

NE COMPTE SURTOUT JAMAIS SUR AUCUNE DES ORGANISATIONS POLITIQUES DU PASSÉ.
Toutes sont de vieilles ruminantes édentées. Oublie-les. Ne t'appuie que sur toi. Et sur ceux en qui tu te reconnaîtras vraiment.

N'ATTENDS PAS LES AUTRES POUR BOUGER TON CUL.
Une révolte collective n'est que la somme des exaspérations individuelles qui soudain, à un moment donné, se retrouvent ensemble sur le pavé des rues. Commence déjà par toi-même. Aux autres de prendre leurs responsabilités. Et tant pis, si tu dois être tout seul. Assume !

RAPPELLE-TOI QUE SI LA COLÈRE EST UN DÉTONATEUR NÉCESSAIRE, ELLE N'EST JAMAIS UN MOTEUR.
Trop souvent et trop obligeamment ressassée, elle tourne à l'aigreur et lasse l'auditoire. Elle est un aveu d'impuissance et un prétexte à l'inaction.

TU NE DOIS PAS ATTENDRE LE "GRAND SOIR" POUR METTRE TON PROJET EN PRATIQUE, MAIS LE LANCER IMMÉDIATEMENT.
La "révolution" commence TOUT DE SUITE, dans ta cuisine, dans les toilettes au fond du jardin, dans l'éducation de tes mômes, dans tes rapports enflammés avec ton(tes) amoureux(se(s)), dans l'éclat de rire désarmant et narquois que tu jettes à ton banquier ou au factotum du Trésor Public, dans le pied-de-nez permanent que tu adresses à la grisaille ambiante.

LA "RÉVOLUTION" COMMENCE PAR CONTAMINATION EXALTÉE DU MODÈLE.
(Et le modèle, ça doit être toi, mon poulet ! Dur à porter, isn't it ?)

SI D'AVENTURE, UNE ILLUSION DE "GRAND SOIR" APPARAÎT, FONCE... MAIS N'OUBLIE JAMAIS QU'AUCUN "GRAND SOIR" N'EST POSSIBLE DURABLEMENT !
C'est comme ça, tu peux y mettre toutes les théories et toutes les bonnes intentions du monde, tu ne révolutionneras jamais la nature humaine. Tout est sans cesse à remettre sur l'établi.

NE CHERCHE JAMAIS À PRENDRE LE POUVOIR. ENCORE MOINS À LE GARDER.
Ce n'est en aucun cas nécessaire. Tu t'y feras engluer par les prédateurs. Tu n'en as pas besoin pour faire valoir tes idées. La preuve ? Mai 68, dont aucun des participants sincères n'exerça jamais de gouvernance… mais dont, quarante années plus tard, quelques sombres merdeux sont encore à vouloir "liquider l'héritage".

RAPPELLE-TOI QUE LA DÉMOCRATIE N'EST QU'UN PIS-ALLER, CELLE DU FAIT MAJORITAIRE. MAIS QUE RIEN NE SAURAIT JAMAIS ENTRAVER LE JUGEMENT DE TA CONSCIENCE INDIVIDUELLE. DÉFENDS-LA MORDICUS, DE FAÇON "MUSCLÉE" S'IL LE FAUT.

"ENTRE LA NON-VIOLENCE ET LA VIOLENCE, JE CHOISIS LA NON-VIOLENCE. MAIS ENTRE LA LÂCHETÉ ET LA VIOLENCE, JE CONSEILLERAIS LA VIOLENCE."  (Gandhi, août 1920)

NE TE GARGARISE PAS TROP AVEC LE MOT DE "PEUPLE". NE TE CACHE SURTOUT PAS DERRIÈRE LUI.
L'idée de "peuple" est souvent antinomique avec les exigences de la conscience individuelle. Il n'est pas sûr que le "peuple" soit toujours à la hauteur de ce qu'on attend de lui. Respecte le "peuple" (je veux dire les autres), mais ne leur laisse jamais t'imposer un respect qui répugne ta conscience. Le "peuple" fut-il "majoritaire".

N'ABUSE PAS DE TES VICTOIRES.
Ne vole aux autres que ce qu'ils te donnent. C'est le comble du panache. ET NE PLEURNICHE PAS SUR TES DÉFAITES (c'est pas grave !)

 

À CHAQUE SECONDE DE TON EXISTENCE, TU DOIS IRRADIER TON PROJET DE TON INSOLENCE, DE TON EXUBÉRANCE COMMUNICATIVE, DE TA SOIF INEXTINGUIBLE DE VIE.

 

"IMPOSE TA CHANCE, SERRE TON BONHEUR ET VA VERS TON RISQUE. À TE REGARDER, ILS S'HABITUERONT."
(René Char)

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Commentaires
L
@ Flo Py : pour tout dire, j'avais raté la réponse du Yéti. Sinon, je me serais excité bien plus tôt… :-)<br /> <br /> Content que notre "asticotage" t'ait plu : tu es décidemment une hôtesse parfaite.<br /> <br /> @ Yéti : dérouille ? Pas tant que ça : tu viens de magnifiquement te ratrapper avec ce texte. Respect !
L
Si ça te chante, voici un petit commentaire, un peu différent du tien, sur Mai 68.
L
Ho ho ho, bé dis donc, qu'est-ce que je dérouille !
F
Ne sois pas désolé ! En fait, ça m'étonnait un peu que tu ne réagisses pas au commentaire du Yéti :-) Et le moins que je puisse dire, c'est que ça m'a bien fait rire de te lire (comme d'hab', en fait) ! Je vous trouve tellement de points communs sur le fond, malgré vos vingt ans d'écart, que ça m'amuse énormément que vous vous asticotiez comme ça :-D<br /> <br /> Bises et bonne soirée !
L
Oh-oh, j'avais raté ta réponse. C'est dommage : je sens qu'il y avait du tribunal révolutionnaire dans l'air… C'est quoi la sanction pour défaitisme 68ard ? Le knout en place publique ? L'auto-flagellation ? L'interdiction de prononcer à nouveau le mot révolution ? Sans déconner…<br /> <br /> Tu me fais bien rigoler, à invoquer les libertés de mai 68, mais à sauter cravache en avant sur le premier qui livre un jugement un peu différent du tien (surtout que mon commentaire te donnait raison sur pas mal de choses et avait un ton mesuré). Jolie démonstration… T'inquiètes : la prochaine fois que je lirai un truc de toi, je me contenterai d'écrire "chef, oui chef" en mettant le petit doigt sur la couture du pantalon.<br /> <br /> Tu as finalement confirmé ce que je voulais dire : ce qui me dérange, c'est cette grande messe unanime sur mai 68, où tout le monde (même Drucker l'a fait, nul doute que l'UMP ne devrait pas tarder à prendre le train en marche) chante les louanges du mouvement. En partie à juste titre, d'ailleurs. Nul doute que mai 68 était nécessaire et a entraîné de profonds changements de société. Nul doute que les jours de mai ont mis fin à une société sclérosée, immobile et pesante (heureusement que tu es là pour me faire la leçon, je n'en avais jamais entendu parler… arrff). Nul doute que les journées ont été un véritable bol d'air pour les jeunes de l'époque. Mais… pas plus. <br /> <br /> Parce que tu pourras monter sur tous les grands chevaux que tu veux, ô illustre gardien du temple révolutionnaire, tu ne pourras pas faire de mai autre chose qu'un vaste ajustement sociétal. Ça et une prise de pouvoir générationnelle : les événements ont juste été le moyen pour une génération particulièrement chanseuse de prendre les commandes politiquement, socialement et médiatiquement. Et de ne plus les lâcher. On en paye encore le prix aujourd'hui, avec ces grandes figures des médias, de l'économie et de la politique qui se sont tous imposés à cette époque (qu'ils aient été dans le camps des agitateur ou des gaulliste, quand ce n'est pas celui des facistes comme Madelin ou Longuet) et qui sont aujourd'hui accrochées à leurs postes et à leur petit pouvoir comme des moules à leur rocher. <br /> <br /> Alors, oui : mai 68 est une occasion manquée, une révolution ratée. Et oui : ce n'était rien d'autre que l'affirmation d'une génération égoïste qui a très vite retourné sa veste et s'est ingéniée à casser toutes les chances qui lui avaient été livrées sur un plateau. <br /> En ce qui me concerne, j'ai fini de rêver à ce qui n'était rien d'autre qu'une grande récréation. Mais libre à toi de jouer au garde rouge et au sauveur du feu sacré. T'as même de la chance : tu pourras acheter le pavé souvenir qui sortira pour les 40 ans des événements et beugler en choeur avec tous les ex-soixante-huitards qui vont nous faire le coup de la grande-nostalgie-regardes-comme-on-était-beau-rebelle-et -courageux-quand-on-était-jeunes…<br /> <br /> Quant au "Quelle sorte de formidable "révolutionnaire" es-tu, toi, pour te permettre de débiter ces lieux communs sur mai 68 ?", je dirais que je ne dois en effet pas être le même que toi. Moi, mon truc, c'est la liberté, y compris de penser comme je l'entends. Et si je devais choisir un modèle de révolution, ça serait la Commune plutôt que mai 68, le peuple plutôt que les étudiants, Jules Vallès et Blanqui plutôt que la clique Sauvageon-Geismar-Cohn-Bendit, aujourd'hui tous ralliés (à des degrés différents, le top restant le parcours de Kessler, passé du marxisme révolutionnaire à la vice-présidence du Medef). Mais, chacun ses idoles, hein…<br /> <br /> <br /> @ Flo Py : désolé de jeter de l'huile sur le feu. Mais là, je trouve que le gaillard y est allé un peu fort. Et merci pour ta gentille intervention.
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