N'en jetez plus !
Je suis lente, en ce moment. Encore plus gastéropode que d'habitude, veux-je dire.
Preuve en est ce brouillon qui traîne depuis quelque trois ou quatre jours, commencé après la lecture de l'article de La Dépêche sur cette instit dénoncée par un parent d'élève et menacée de sanction pour avoir laissé un de ses élèves de CM1 utiliser une photo de Sarkozy pour illustrer la méchanceté. Le temps que je peine à rédiger deux paragraphes, quelques uns de mes blogueurs préférés (en l'occurrence, Guy M., JR, Françoise, et Sébastien Fontenelle) en avaient parlé avec leur virtuosité coutumière, et Monsieur Le Président nous crachait à la figure en déclarant devant un parterre d'umpistes hilares que "désormais, quand y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit" (si on a une faute à expier ou simplement une tendance masochiste, on peut s'infliger l'image ET le son sur L'Escalier Qui Bibliothèque).
A ce stade, je suis obligée de m'avouer - puisque j'imagine que de votre côté, ça fait bien longtemps que vous vous en êtes aperçu - que je suis beaucoup trop lente pour bloguer correctement. Bon, notez, ça tombe bien : je ne suis ni ne veux devenir z'influente. Donc, ça n'a aucune importance, et le "blogotiquement correct" est très très relatif.
Mais quand même, c'est rageant : pour écrire sur un truc qui me met en rogne, il faut d'abord que je décolère. Et plus ça va, plus y a des trucs qui me mettent en colère et plus j'ai besoin de temps pour décolérer... Quand j'ai lu l'article de La Dépêche, j'étais encore sous le coup de l'annonce de la création du fichier EDVIGE (doublée de l'annonce de la naissance de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur, qui n'était pas une surprise, mais bon).
Et là, ce matin, alors que je faisais un petit tour de blogs avant de reprendre ledit brouillon (je le sentais bien, aujourd'hui), sur quoi je tombe ? Sur un billet de Mademoiselle (qui est depuis quelques jours en lien dans la colonne de droite, catégorie les Enragés) qui pointe du doigt un petit article de rien du tout dans Libé : "Vers un décret pour ouvrir l'état civil aux fœtus morts" ! Bien sûr, ça n'a l'air de rien comme ça. Mais c'est quand même étrangement dans l'air du temps. Et surtout, ça ouvre un boulevard aux mouvements anti-IVG.
Il y a réellement de quoi s'inquiéter. Parce que petit à petit, on fait sentir à certaines catégories de la population, celles qu'on dit parfois "fragiles" (les immigrés, les homosexuels, les femmes...) qu'elles jouissent davantage de tolérance que de droits. La tolérance - vous l'aurez sans doute noté - c'est pas très fashion, en ce moment. Quand tout va mal, quand les "réformes" tendance retour vers le XIXème siècle se succèdent à une cadence infernale, quand on nous assomme à grands coups de lois liberticides et anticonstitutionnelles au nom de notre Sécurité, il faut bien reconnaître que les droits des femmes, tout le monde s'en fout (ou presque). Ben, on a tort !
NB : L'image illustrant (sans aucun à-propos, j'en conviens) ce billet est l'affiche du film d'animation Valse avec Bachir, d'Ari Folman, actuellement dans les salles.