Pour Michel Hunault, hip hip hip...
Je ne connaissais pas Michel Hunault
(député de Loire-Atlantique, Nouveau Centre) avant hier. En fait,
j'ignorais même carrément son existence avant de tomber par le plus
complet des hasards (merci Wikio) sur un billet du 29 octobre qui parlait de lui, sur le blog Le Salon Beige (je vous mets le lien juste parce que c'est important de citer ses sources, mais bon, c'est vous qui voyez).
Donc, j'ai découvert l'existence de Michel Hunault parce que ce monsieur a déposé une proposition de loi, le 24 octobre dernier, visant "à instituer un salaire parental de libre choix en regroupant et consolidant les prestations actuelles afin de donner aux mères ou aux pères de famille un véritable statut".
Ce n'est peut-être qu'un "détail", mais cette proposition n'est ni plus ni moins que LA grande mesure du Front National en faveur des familles. Là, j'ai vraiment hésité un long moment avant de mettre un lien vers le site du FN, mais bon, vous êtes grands, plus ou moins "gauchistes" à ce qu'il paraît, donc je le mets en espérant que personne ne cliquera dessus. D'ailleurs, ce n'est vraiment pas la peine, puisque je vous copie avec mes petites mains les lignes qui nous intéressent :
[...] la création du salaire parental destiné à offrir, pendant la période souhaitée, aux mères ou aux pères de famille, la possibilité de choisir librement entre l'exercice d'une activité professionnelle et l'éducation de leurs enfants. Un SMIC sera versé pendant 3 ans pour le 1er enfant, renouvelable 3 ans pour le 2ème enfant, et 10 ans pour le 3ème enfant
C'est assez ressemblant, non ?
Par ailleurs, il faut rappeler que les femmes sont déjà plus touchées que les hommes par le chômage, mais aussi par le sous-emploi. Selon une étude de l'INSEE publiée en 2005, environ 5% des actifs ayant un travail étaient en situation de sous-emploi*. Cette situation concerne les femmes dans 8 cas sur 10.
L'Observatoire des Inégalités avançait le chiffre de 900 000 femmes en temps partiel contraint au 8 mars 2005.
Il ressort également de cette étude que la probabilité d'occuper un temps partiel non voulu est plus forte chez les moins de 25 ans, les non-diplômés et les étrangers.
Par conséquent, on peut imaginer sans trop de risque de se tromper, que les personnes susceptibles de se voir verser ce salaire parental seront principalement des femmes, peu ou pas diplômées, renonçant à un emploi à temps partiel (voulu ou non), ou ne trouvant tout simplement pas de travail.
A force de faire passer des Nadine Trintignant ou des Ni putes ni soumises pour des défenseurs des droits de la femme, on finit par oublier ce qu'est vraiment le féminisme. D'ailleurs, ce terme même est proscrit ; on ne tolère son usage que pour évoquer l'avant-soixante-huit, ou la lutte pour le droit à la contraception et à l'avortement (merci encore, Simone !). Comme si tout ce que nous étions en droit de réclamer nous avait été accordé et que l'heure de fermer sa bouche avait sonné.
Cette proposition de loi me fait dresser les cheveux sur la tête parce qu'elle est déposée dans un contexte socio-économique clairement défavorable aux femmes (aux hommes aussi, mais aux femmes encore plus). Plutôt que d'essayer d'apporter des solutions pour résoudre la situation, on veut créer un statut de mère au foyer, qui permettrait de faire baisser les chiffres du chômage. Justement, ça tombe bien, on va bientôt supprimer une grande partie des "hôtesses de caisse" en grandes surfaces (emplois, comme chacun sait, à temps partiel et occupés majoritairement par des femmes)...
* Le nombre de sous-employés n'a cessé d'augmenter entre 1990 et 1998, passant de 3,6% à 6,6%. Puis, avec la décrue du chômage, leur nombre a reculé jusqu'au début de l'année 2002, avant de repartir à la hausse pour atteindre 4,8% des actifs ayant un emploi en 2004 (source INSEE).